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III. L’augmentation du nombre des personnes âgées :

      Quelques éléments de démographie ont été nécessaires pour analyser l’ampleur de l’augmentation du nombre des personnes âgées qui s’est produite dans la deuxième moitié du vingtième siècle et qui se poursuit aujourd’hui dans tous les pays. Des éléments d’économie sont relevés, ils concernent surtout la santé et le surcoût hypothétique qu’entraîne cette révolution démographique.

 III. 1. La démographie.

     Pour A. Sauvy, c’est une science qui montre aux gens ce qui est inéluctable.

     Elle permet d’étudier les populations sous l’aspect quantitatif. Si la population française s’accroît de 18 millions de personnes entre 1950 et 2000, cette augmentation est due à l’accroissement naturel et à l’accroissement de la population âgée de 60 ans et plus. Cette population a pratiquement doublé durant cette période : elle est passée de 6.764.000 personnes à plus de 12 millions. Un silence a recouvert ce phénomène qui a débuté au XVIIe siècle.

     En un siècle la durée de vie a progressé d’une année tous les trois ans, pour les hommes elle est passée de 41 à 74 ans, et pour les femmes de 44 à 82 ans. La baisse de la mortalité a surtout profité aux premiers âges de la vie, les adultes ont du attendre le début du XXe siècle, et les âges élevés la moitié du XXe siècle.

    La théorie de Malthus[1] développée dans son « Essai sur le principe de population » démontre qu’il y a une tendance de la population à augmenter selon une progression géométrique. Marx a fait de la loi de Malthus une loi universelle et a induit la limitation des naissances, ce dont Malthus n’a jamais parlé et pourtant le malthusianisme est associé à l’idée de limitation des naissances.

     Ce vieillissement de la population doit être accompagné de façon raisonnable et soutenue par des politiques sociales équilibrées ; il est nécessaire de répartir la richesse nationale sur tous les citoyens avec leur assentiment. Les populations jeunes ne sont pas régulièrement consultées sur les orientations budgétaires de la solidarité, elles devraient y être conviées en même temps que les populations plus âgées.

III. 2. La transition démographique.

      C’est le passage d’une forte natalité et d’une forte mortalité à une faible natalité et une faible mortalité ; c’est une étape entre deux états d’équilibre.

     Cette transition a été effectuée par tous les pays sauf un le Nigeria.

     La natalité a été régulée par les moyens naturels dans un premier temps, et artificiels (les contraceptifs) dans un second temps. Cette régulation est liée aux faits sociaux (assurance de procurer aux enfants les mêmes avantages dont on a profité, travail des femmes)

     La mortalité est réduite du fait des politiques mises en œuvre (pensions de retraite, assurances santé) et grâce aux progrès de la science médicale.

     La théorie de la transition démographique (TD) à été divulguée par Franck Noteinsten en 1945, en généralisant une théorie de Adolf Landry en 1934 qui évoquait une révolution démographique, terme repris par Alfred Sauvy, et les faits actuels leur donnent raison ; la natalité est déliée de ses déterminants sociaux traditionnels et liée aux utilités individuelles ; l’équilibre entre natalité et mortalité n’est pas assuré, l’effondrement démographique, après la phase actuelle de vieillissement est possible.

     La fin de la TD permet d’évoquer trois préoccupations :

-         l’exacerbation des déséquilibres, en particulier le déséquilibre Nord-Sud avec un sud encore fourmillant de jeunesse et un nord vieilli où le nombre de jeunes est décroissant.

-         Les conséquences de la transition se prolongent après la fin de celle-ci. L’enfant unique des Chinois n’empêche pas, la population chinoise d’augmenter considérablement.

-         Que vaut le modèle de la transition ?

      La fin de la TD a pour conséquence l’augmentation de la proportion des plus de soixante ans ; elle est de 20% en France pour l’année 2000 et sera probablement de 30% pour l’année 2050 (hypothèse de 2,07 enfants par femme en moyenne)[2]

III. 3. L’économie de la santé.

     De sa naissance à sa mort, l’individu coûte sur deux périodes : la période de la naissance, et les mois ou semaines de fin de vie. Le vieillissement intervient pour 10% des hausses de coût de la santé en France.

     Le déficit des organismes nationaux de remboursement de soins est présent dans tous les pays du monde, mais l’économie de la santé est un moteur essentiel à la croissance, au développement et à l’emploi.

     Il y a trois théories économiques :

a.       Les héritiers de Smith : le marché de la concurrence est le seul à maintenir l’équilibre économique et l’optimum social.

b.      Les héritiers de Marx : le système capitaliste doit se détruire.

c.       Les héritiers de Keynes : dans une économie évoluée le marché ne peut que croître ; croissance économique = capital*travail.

     Mais des économistes disent que capital et travail ne représentent que 49% de la croissance. Les 51% restants représentaient : Le capital humain c’est à dire les ressources humaines, la recherche et le développement et le commerce extérieur. Depuis 1985, un courant de la théorie de la croissance endogène, s’attache à montrer les effets de la synergie de chacun de ces éléments. En 1988, Robert Lucas[3], théoricien de la croissance endogène, va affirmer que la croissance économique dépend en grande partie des efforts de formation individuelle et sociaux. Il a mis en évidence l' importance des comportements intergénérationnels : on forme la croissance en formant ses enfants. Robert Barro[4]  introduit l'idée de transfert intergénérationnel, selon laquelle les ascendants pensent aussi, de façon altruiste, au bien-être de leur descendance. Les choix inter-temporels des ménages ne sont pas modifiés par la forme des prélèvements (impôts ou emprunt), mais engendrent un comportement de précaution qui vise à compenser une hausse certaine des prélèvements futurs, pour eux-mêmes et pour leurs descendants. Il faut l’intervention de l’Etat dans la croissance économique pour valoriser le capital humain, le pays qui ne le fait pas tombe dans la trappe du sous-développement, et la santé est devenue une des conditions du développement économique.

     Les activités de proximité dont la prise en charge des personnes âgées représentent un potentiel d’emploi remarquable. Et non entièrement satisfait :

« Beaucoup d’intervenants dans le maintien à domicile des personnes âgées ont pu constater qu’il pouvait exister une demande compulsive de services qui n’est jamais comblée ; plus on obtient des services, plus on en veut de nouveaux parce que derrière cette demande qui paraît rationnelle se cache un appel au secours pour rompre la solitude ou pour sortir de relations familiales devenues invivables. »[5]

 


[1] Dubois André Fulbert (novembre 1998) Notes de cours « économie sanitaire, vieillissement et vieillesse. » Montpellier.

[2]cf. annexe 4, pyramide des âges

[3] Lucas Robert (1988) « On the Mechanics of Economic Development ». In Journal of Monetary Economics. Vol.22. p. 3-42.

[4]Robert Barro. (1987) "Government Spending, Interest Rates, Prices and Budget Deficit in the United Kingdom, 1701-1918 ", In Journal of Monetary Economics. Vol. 20. p. 221-247.

[5] Laville Jean-Louis (juin-juillet 1998) Les services de proximité, un enjeu de société. In Revue mensuelle de débats et d’idées de la CFDT.  N°11.

 

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