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Il convenait de rechercher les différences pouvant exister parmi cette population âgée, quelle vive seule à domicile, seule en résidence spécialisée, ou bien quelle vive en couple. Il y a une gradation qui existe dans le délitement du lien social selon le mode dhabitation. Ces différences semblent exister dans la vie quotidienne, pour les courses, le repas, la ménage, les activités et le réseau social.
V. 1. Les personnes seules vivant à domicile
Les personnes seules vivant à domicile sont celles qui vivent les moments les plus difficiles dans leur âge. Elles ont subi les pertes, et souvent se sont retranchées dans un silence social, proche du monde du silence, la quiétude en moins, cet état les attriste, et les rend plus vulnérables.
Elles traduisent leur solitude et la souffrance quelle entraîne ; le manque de communication, labsence daide au quotidien et dans les moments de besoin. Si elles reçoivent de laide formelle, celle-ci, limitée dans le temps ne suffit pas à échanger ; seule Angèle reconnaît quelle prend cette aide « pour avoir une compagnie ».
Ces personnes ne sont pas stimulées par un réseau social puisquil est quasi-inexistant ; Bernard va « courir » tous les matins avec un ami, mais fréquente de moins en moins les associations danciens combattants. Seule Armina semble tirer profit de sa relation mystique avec Dieu et du relais composé du réseau de ses « frères et surs de religion ».
Le maigre réseau familial quand il nest pas éloigné, ne suffit pas ; les visites ou les nouvelles se font rares et à part Jacqueline qui voit sa fille très souvent, mais ces visites ne semblent pas suffire, dautant plus quil y a conflit avec son beau-fils, les autres personnes snt démunies ou délaissées dans leurs liens affectifs.
V. 2. Les personnes seules vivant en résidence spécialisée pour personnes âgées
Si la situation dexistence est la même que pour les personnes vivant seules à domicile, les personnes qui vivent dans leur appartement, au sein dune résidence, semblent plus stimulées par lenvironnement. Elles peuvent retrouver des personnes qui ont les mêmes préoccupations. Une stimulation produite par la possibilité de repas en commun, dactivités en commun, de mise à disposition de moyen de transport et daide pour sortir (courses, visites, concerts) est bénéfique et permet déchanger et de rencontrer. Ces interlocuteurs ont bien décrit pour certains le poids de la solitude, mais dans leur cas, le fardeau semble moins lourd à porter.
Une condition est quand même exigée pour ce type de vie en communauté : son coût ; il faut des moyens pour assurer la prise en charge de ce type de vie ; il y a une ségrégation par largent, il faut compter entre 1500 et 2500 pour accéder à ces services, ce qui est loin de la majorité des sommes versées pour une retraite ; quelques résidents ont réalisé la vente de bien immobilier pour y accéder.
Lors de cette enquête je nai rencontré que des femmes qui bénéficiaient de ce genre de services.
V. 3. Les femmes seules
La situation des femmes seules rencontrées lors de cette enquête ne mapparaît pas des plus défavorables au point de vue « revenus » ; à part Armina qui a des revenus inférieurs à 650 mensuels, les autres femmes ont des revenus moyens.
Leur situation disolement est en relation avec leur milieu social : Armina employée dusine, Angèle concierge éprouvent beaucoup plus de souffrance que les autres qui sont veuves et bien dotées en revenus ou bien qui ont disposé dun statut de travail émancipateur.
Les femmes éprouvent plus de difficultés face au deuil dun proche ; elles ont le souvenir douloureux de leur disparition ancré plus profondément que les hommes ; elles sont nostalgiques des années quelles ont passé avec leur conjoint. La vie de famille, les repas de famille sont très importants.
Leur vieillissement physique est peu évoqué dans le sens de la disparition de la jeunesse des formes disparues, cest la diminution de la mobilité qui les inquiète beaucoup, ainsi que les douleurs articulaires ou les accidents physiques.
V. 4. Les couples
La totalité des couples que jai rencontré semblent vivre de manière symbiotique, sans ressentir de solitude. Un couple se plaint disolement social (Léa et Ildefonse) et un autre, semble en retrait de relation sociale (Maria et Albert), mais ils nont pas émis de plainte si ce nest par rapport à lattitude des jeunes qui ne prennent plus le temps de parler avec les aînés.
Le fait marquant chez les couples avec enfants est la relation privilégiée qui les lie avec leur descendance et les petits-enfants avec qui ils ont des relations riches (Jean A et Dolorès).
Les couples ont beaucoup plus dactivités sociales (associatives, culturelles) que les personnes seules.
Ils sont solidaires lun de lautre et se stimulent (pour la marche : Jean A et Dolorès, Jean D et Réjane ; pour les activités sociales tous sauf ceux qui sont limités pour la déambulation (Maria et Albert et Léa et Ildefonse).
Ils se complètent pour les activités de la vie quotidienne : courses, ménage, toilette, habillage, soins.
Un seul des hommes qui vit en couple (Jean A) utilise linformatique et Internet ; en effet, Jean écrit des petits romans et publie à compte dauteur. Il a communiqué avec une partie de sa famille qui résidait aux antipodes et qui est revenue en voilier, il a pu, ainsi que Dolorès, les suivre dans leur périple et surtout avoir de leurs nouvelles.
Les couples ne parlent pas ou peu de leurs ennuis de santé ; ils ne semblent faire partie de leurs préoccupation quotidiennes (hormis Léa qui a un problème de santé depuis son adolescence)
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