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Les ressorts d’un politique générationnelle

     Par delà les aspects sémantiques de la représentation des personnes âgées dans la société, qui peuvent conduire à l’âgisme qui est une sorte de racisme anti-vieux, il nous faut inventer les ressorts d’une politique générationnelle.

Le financement des retraites
     Pour Louis Chauvel, nombre de jeunes cotisants financent les retraites d’aujourd’hui, et ne bénéficieront pas, à terme du système, faute de pouvoir accumuler suffisamment d’annuités (poursuite des études et périodes de chômage sans indemnisation), sauf s’ils prolongent le travail jusqu’à 65 ou 68 ans. La responsabilité collective des anciennes générations n’est pas assez soulignée, et les nouvelles générations ne sont pas conviées à donner leur avis sur la réforme qui devrait être entreprise sur les systèmes de retraite ; certes, les convier au débat est risqué parce que leur voix pourrait diverger de celle des anciens, mais il serait plus périlleux encore de décider sans ces nouvelles générations, parce qu’elles pourraient rappeler demain qu’elles n’ont jamais souscrit à ce contrat. Agir ainsi fait le jeu des fossoyeurs de l’Etat providence, des lobbyistes des assureurs et des idéologues des fonds de pension, qui auront tôt fait d’investir ce débat pour en faire une œuvre de destruction plutôt qu’une œuvre de justice.

La lutte des âges
     Certains considèrent ce scénario comme étant celui du XXIe siècle, en remplacement de la lutte des classes du XXe siècle, du fait de l’inégalité entre les âges qui augmente dans l’emploi, les salaires et la protection sociale ; le vieillissement de la population entraînant celui du corps électoral et pouvant renforcer les inégalités au profit des retraités et personnes âgées. D’autres démontrent que ce conflit est peu probable, et parlent du mythe du conflit générationnel. Il est néanmoins urgent de renforcer le dialogue entre générations pour lutter contre le développement des inégalités liées à l’âge, où l’âge est souvent lié aux groupes sociaux et au sexe. L’idée c’est de vivre ensemble égaux et différents.

Le dialogue intergénérationnel
Qu’attendre d’un tel dialogue ?
     Pour les jeunes, les seniors devraient transmettre un savoir être plus qu’un savoir-faire, sans doute parce qu’ils savent que le savoir des anciennes générations est dévalorisé par les progrès de tous ordres qui tendent à disqualifier l’expérience ancestrale face à l’invention de nouveaux genres de vie, en projection vers l’avenir (L. Chauvel)
     Pour les seniors les jeunes devraient acquérir des valeurs morales et personnelles, qu’ils soient positifs et fassent preuve de compréhension, de tolérance, de solidarité et qu’ils soient optimistes malgré les difficultés.

Pourquoi dialoguer ?
     Les jeunes sont désireux de connaître les motivations et les attentes des seniors, de comprendre ce qui les pousse à se tourner vers autrui, de savoir comment ils mesurent leur investissement.
      Les seniors donnent trois types de réponses :
     -    L’engagement : ces sont des personnes qui ont toujours été partie prenante ; l’engagement est un enrichissement permanent (Ne pas se couper des autres est essentiel)
     -    Le besoin personnel : prolongation de la vie professionnelle, avoir des expériences et se faire des relations, besoin de se faire plaisir et de rester vivant. (Retour à la vie qui permet de conserver toutes ses facultés)
     -    Le sentiment de culpabilité : vis à vis de la jeune génération. (Tout ce qui arrive, nous en sommes responsables car nous sommes leurs aînés)
La finalité
     Les jeunes réclament : « Nous voulons que vous soyez les témoins de ce que vous avez vécu et que vous nous le rapportiez. C’est à nous et à nous seuls qu’il revient de nous approprier les expériences que nous jugerons transposables dans notre vie »

La conclusion
     R. Rochefort écrit : « A l’occasion de l’année internationale des personnes âgées, en 1999, l’Association nationale des personnes retraitées a rédigé un manifeste qui plaide pour la reconnaissance de l’interdépendance des divers stades de l’existence… La préparation de chaque stade de la vie constitue la base qui nous permet de faire face aux impératifs du stade suivant. Pour devenir une personne adulte, l’individu doit être capable de traverser avec succès les divers stades de l’existence, tout en faisant face aux responsabilités et aux problèmes auxquels il est confronté. Ainsi, une existence bien vécue peut donner du sens et apporter confort et satisfaction aux dernières années
de la vie, des valeurs pouvant être partagées avec les générations suivantes. Le risque de conflit entre les générations peut masquer nos besoins communs d’affection, de soutien émotionnel, de contacts physiques, de respect et d’acceptation, d’échange de connaissances et d’expériences, ainsi que du besoin de sollicitude et de soutien économique…Chaque génération tire profit de l’apport des générations précédentes, suscitant à la fois respect à l’égard de ceux qui nous ont quitté et un sentiment de protection du patrimoine pour les générations futures. »

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