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1.    Le statut social des personnes âgées

    Le statut est la position sociale d’un individu avec les droits et devoirs afférents, cette position sociale se rapportant à la notion de prestige et définissant l’acception par les membres de son groupe. Le passage d’un individu d’un statut à un autre est marqué par des rites qui jouent un grand rôle dans l’intégration sociale ( A. van Gennep, Richards ) Dans ses propositions pour une liberté sur le tard, Léopold Rosenmayr établit dans sa première thèse que le statut social de l’âge avancé dépend :

     Il est possible de constater que la plupart des personnes âgées éprouvent une crise de statut qui peut être définie comme suit : “ La disqualification sociale est donc avant tout une épreuve, non pas seulement en raison de la faiblesse des revenus ou de l'absence de certains biens matériels, mais surtout en raison de la dégradation morale que représente dans l'existence humaine l'obligation de recourir à l'appui de ses semblables et des services d'action sociale pour obtenir de quoi vivre dans des conditions décentes ” (Paugam)

     Le statut des personnes âgées peut être apprécié en évaluant :

     Il faut compter avec la pauvreté qui érode le statut social.

     Le statut social de retraité qui suit le statut d'actif est inscrit actuellement dans le schéma de la succession des âges et le couperet de l'âge légal de la retraite est brutal. Il s'accommode mal du décalage fréquent entre l'âge chronologique et les capacités ou les souhaits. La vieillesse ne doit pas être assimilée à la retraite et celle-ci doit être distinguée du chômage. Le passage de la situation d’actif à celle de retraité sera d’autant plus difficile que le travail antérieur aura été intéressant et intensif et que la transition aura été brutale. On a souvent parlé d’une surmortalité au cours de l’année ou des deux années qui suivent la mise à la retraite, mais, malgré l’intérêt du sujet, aucune étude scientifique n’a encore vérifié la réalité de ce phénomène ni la liaison de cause à effet ainsi avancée.

   La limitation d'un vieillissement prématuré et de l'incidence des maladies liées à l'âge relèvent autant de mesures de prévention sanitaire et médicale tout au long de la vie que de la lutte contre la pauvreté.

     L’aîné est avant tout un citoyen, et c’est à ce titre qu’il doit participer à la vie de la société de droit. Et le statut de citoyen confère des droits comme le vote, l’expression pour obtenir la participation aux choix de société.

2.    Le rôle social des personnes âgées

     Le rôle est l’ensemble des comportements devant être tenus par la personne âgée en fonction de son statut.

     Dans l’Antiquité, comme aujourd’hui encore dans de nombreuses sociétés agricoles ou pastorales du Tiers Monde, le groupe des anciens jouissait d’un respect qui tenait, en partie, au fait qu’il était peu nombreux ainsi qu’à son rôle de dépositaire et de transmetteur de la tradition et des connaissances techniques. L’évolution démographique du vingtième siècle à mis fin à cette situation déjà secouée par les découvertes scientifiques et techniques, qui dans leur succession accélérée jetaient de plus en plus le discrédit sur le recours à l’expérience.

     La mobilité professionnelle (les adultes travaillent de moins en moins avec, ou pour, leurs parents) et la mobilité géographique limitent la principale source d’autorité de ces derniers qui ne peuvent même plus invoquer leur expérience professionnelle ou le partage des risques de l’entreprise. Dans une société qui met l’accent sur le travail et la réussite matérielle, le rôle de retraité, c’est de n’en plus avoir. On a même parlé d’un phénomène de «rejet» qui contribue à renforcer chez l’individu le sentiment, fondé ou non, de son inutilité sociale. Ce sentiment le pousse à fréquenter souvent des contemporains avec qui il a des points communs (l’ancien métier, la guerre, les souvenirs locaux...) et encourage une attitude de repli qui nuit à une bonne adaptation.

     La notion de plaisir fait partie de la qualité de vie, ainsi que le rôle social. En effet, il est parfaitement limitatif de borner la qualité de vie à la santé et à l’autonomie. La permanence d’un rôle social, malgré les handicaps, malgré les difficultés, rentre dans la qualité de vie.

     L’intégration ou la ségrégation sociales des personnes âgées est précisément l’une des questions cruciales posée aujourd’hui. C’est aussi un élément déterminant pour guider l’action dans ce domaine et choisir ses modalités. Cependant, bien des affirmations répétées çà et là appelleraient des confirmations : est-ce que des rapports sociaux plus intenses entretenus avec un nombre restreint de gens ne remplacent pas – et avantageusement parfois – les relations extensives de la vie adulte ?

     Les personnes âgées jouent un rôle important dans des activités non rémunérées telles que l'agriculture, le secteur informel et le volontariat. De nombreuses économies dans le monde dépendent dans une large mesure de ces activités mais peu d'entre elles sont prises en compte dans l'évaluation des activités économiques nationales, qui ignorent et sous-évaluent souvent le rôle joué par les citoyens âgés. L'insécurité financière amène de nombreuses personnes âgées, en particulier dans les pays en développement, à travailler dans la production agricole jusqu'à un âge très avancé. Beaucoup sont des femmes dans la mesure où de nombreuses activités agricoles sont indissociables des tâches domestiques, y compris les cultures et l'élevage des animaux. Le travail dans le secteur dit informel est difficilement mesurable car il ne fait pas partie de l'économie de marché et reste souvent “invisible”. L'Organisation Internationale du Travail définit ce secteur comme généralement constitué d'activités indépendantes, de dimension restreinte, avec ou sans employés. Ce sont d'ordinaire des professions peu rémunérées, comme le petit commerce, la vente ambulante de produits comestibles et les travaux domestiques. De nombreuses personnes âgées, spécialement dans les pays en développement, subviennent à leurs besoins et font vivre d'autres personnes en travaillant dans ce secteur. Le secteur informel couvre aussi l'activité qui consiste à s'occuper de membres de la famille, y compris l'hébergement, la garde des enfants et les soins de santé. Depuis plusieurs années la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse étudie les liens et les solidarités intergénérationnelles et tout particulièrement les grands-parents: 85 % des femmes et 65 % des hommes gardent leurs petits-enfants de façon plus ou moins régulière. Aujourd'hui on est grand-parent, en moyenne, entre 48 et 52 ans et on l'est plus longtemps du fait de l'augmentation de l'espérance de vie. Les relations avec les petits-enfants s'inscrivent donc sur le long terme. Les grands-parents disposent de revenus et/ou de retraites qui leur permettent d'aider leurs descendants, notamment leurs petits-enfants, ces transferts d'argent portent souvent sur des sommes importantes. Placés entre trois ou quatre générations, ces nouveaux grands-parents sont les pivots du cercle familial.

     Les personnes âgées qui ont une formation jouent souvent le rôle d'enseignants bénévoles et de responsables communautaires ; Un autre exemple est le service des anciens administrateurs qui offrent gratuitement conseils et formation. De nombreuses organisations bénévoles dans de nombreuses régions du monde ne fonctionneraient pas sans l'apport des personnes âgées. Les Amérindiens considèrent leurs vieux comme des trésors d'expérience. Leurs femmes ménopausées deviennent des sages, ce n'est pas tant que la ménopause leur enlève quelque chose, c'est qu'elle leur permet d'accéder à un autre statut.

     Chez les amérindiens l’aîné joue des rôles importants ainsi que le rappelle Joan Halifax, et parmi ceux-ci :

     Au Japon, lorsqu’un sculpteur, un musicien ou un comédien, etc. est arrivé au sommet de son art, il entre dans la catégorie des trésors nationaux vivants.

 Les freins individuels au maintien du rôle social des personnes âgées :

  La transformation du rôle commence bien avant le cap des soixante-cinq ans. Comme parents, comme travailleurs, comme conjoints, comme amis même, les personnes qui dépassent quarante-cinq à cinquante ans voient diminuer leur rôle (ou l’idée qu’ils en ont), leurs revenus, leur mobilité, leurs espérances et le domaine de leurs relations: ce phénomène peut être précoce dans le cas des personnes de santé fragile ou souffrant de handicaps physiques. Cette évolution du comportement est à l’origine de la théorie du «désengagement» (E. Cumming, W. Henry), selon laquelle l’homme vieillissant restreint progressivement, plus ou moins consciemment, ses rapports avec la société et réciproquement :

     Ceci ne signifie d'ailleurs pas qu'il faille porter un jugement de valeur sur ces deux types de comportement, il y a parmi les personnes âgées actives des gens malheureux et parmi celles qui appartiennent au type désengagé des individus très heureux.

     Cependant les théories du désengagement et de l'activité ne sont pas les seules à rendre compte de la situation sociale de la personne âgée, il est également possible de se référer à d'autres théories complémentaires, De nombreux auteurs ont proposé des calendriers, des étapes. Certains situent à la cinquantaine la maturité mentale (changements dans les responsabilités, libération des rivalités), à la soixantaine une seconde maturité (il y a des difficultés d’intégration personnelle, les pertes commencent à l’emporter sur les gains); ils n’appellent vieillesse que le déclin généralisé. De telles recherches ont pour but d’offrir une trame qui permette de mesurer le degré d’adaptation, mais elles n’ont guère dépassé le stade de la réflexion.

Les freins sociétaux au maintien du rôle social des personnes âgées 

Les besoins de confort sont importants. Lorsque l’on vieillit, on a des difficultés, en particulier rhumatologiques, au niveau des articulations, de la marche, de la diminution de la force musculaire. D’importantes réponses architecturales, urbaines sont apportées mais peut-être de façon insuffisante, peut-être parce qu’architectes et urbanistes ne se sont pas encore assez penchés sur cet aspect de l’adaptation des structures au vieillissement, ou bien que le marché ne soit pas assez pénétré de cette culture. Un certain nombre de grands groupes financiers ont pourtant déjà saisi l’opportunité et ont investi dans les résidences spécialisées.

Dans la vie quotidienne la personne âgée est confrontée à de nombreux obstacles qui entraînent la réduction de son rôle social :

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