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III. LA PLAINTE MNESIQUE

Cette dernière résulte de la prise de conscience par le sujet d’une diminution de ses capacités de mémorisation dans les situations de la vie quotidienne. La plainte mnésique est fréquente : elle toucherait jusqu’à 50 % des personnes âgées de plus de 50 ans, même si le pourcentage de sujets qui se plaignent d’oublis fréquents n’est que de 15 à 20 %. Il s’agit là d’un trouble subjectif : les études systématiques ont montré l’absence de corrélation entre plainte mnésique et baisse d’efficacité de la mémoire en situation de test. En d’autres termes, se plaindre de sa mémoire ne signifie pas qu’il existe un déficit objectif en relation avec une affection cérébrale organique. Au contraire la plainte mnésique témoigne le plus souvent d’une perturbation des ressources de l’attention liée à différents facteurs : vieillissement cérébral normal, état dépressif, anxiété généralisée, préoccupations personnelles, prises médicamenteuses, etc…

Figure n° 5 : Origine du trouble mnésique (en %)

(Source : Etude de l’Institut National de Recherche pour la Prévention du Vieillissement Cérébral du 1/09 au 31/12/1986 sur un échantillon de 367 sujets : 112 hommes (âge moyen = 64,0) et 255 femmes (âge moyen = 62.4), présentant une plainte mnésique)

 

Homme

Femmes

Total

Vieillissement cérébral physiologique

71.4

73.7

73.4

Affection organique cérébrale

6.3

6.3

6.3

Dysfonctionnement d'origine psychoaffective

16.9

17

17

Doute

5.4

3

3.3

La plainte mnésique est un trouble ressenti, et objectivé par la personne âgée de plus de cinquante ans. Elle se situe en dehors de tout contexte anxieux, de difficultés personnelles, de prise médicamenteuse

III. 1. Les causes de la plainte mnésique

III. 1. a - Le vieillissement cérébral

La mort neuronale : Cette idée s’est répandue dans les années 1950, confirmée en 1980 par une étude rigoureuse de la littérature par Paul Coleman et Dorothy Flood de l’université de Rochester : la plupart des aires du cortex et certaines parties de l’hippocampe perdraient de 25% à 50 % de leurs neurones avec l’âge. Mais le développement de méthodes plus rigoureuses pour compter le nombre et non plus la densité des neurones, en particulier les techniques dites stéréologiques a mené à la conclusion que la chute du nombre de neurones n’est pas significative dans le vieillissement normal, au moins en ce qui concerne le cortex entorhinal et l’hippocampe.

Les changements neuro anatomiques : il existe des modifications de la quantité et de la qualité des connexions entre les neurones. Les connexions de et vers le cortex préfrontal seraient intactes, mais atteintes fonctionnellement et les dendrites comme la morphologie des synapses pourraient être transformées, ces changements peuvent avoir un impact sur les circuits hippocampaux.
La plasticité des synapses apparaît compromise dans le vieillissement. Le plus étudié des évènements abordant la plasticité synaptique est la potentialisation à long terme (PLT) : si une cellule est active en même temps qu’une autre, leur connexion est renforcée (sans être démontrées, de telles transformations pourraient permettre de stocker les souvenirs dans le cerveau)
La capacité à obtenir une PLT diminue avec l’âge et ce serait le substrat biologique du vieillissement cognitif.
Les neurones de l’hippocampe enregistrent l’environnement familier, une cartographie de l’espace. Les études chez le rat montrent que s’il est âgé il ne parviendra pas à recréer une nouvelle carte ; ces résultats sont à mettre en parallèle avec les cas de désorientation temporo-spatiale chez la personne âgée. Il y aurait un déficit lié à la défaillance des mécanismes de la PLT : ce serait le substrat cellulaire du vieillissement mnésique.

Les causes vasculaires : les vaisseaux se rigidifient, leur diamètre se rétrécit, l’irrigation du cerveau se fait moins bien.

III. 1. b - Le déficit oestrogénique

Il semblerait que les oestrogènes participent de façon importante aux processus qui mènent à une incapacité mnésique et cognitive, qu’ils soient neuro dégénératifs ou non. Bruce McEwen et ses collègues de l’université Rockefeller ont démontré que les oestrogènes induisent une augmentation de la densité des synapses dans les cellules de CA1, ce qui peut être associé à une PLT. In vitro, les oestrogènes peuvent protéger des neurones en culture contre une toxicité induite par l’amyloïde.

III. 1. c - Les causes biologiques

III. 1. d - Les causes psychologiques

III. 1. e - Les causes environnementales

III. 1. f - Le changement de la fonction mémoire

Notre mémoire change au fil des ans. Les tâches sont différentes et les performances évoluent au fil du temps.
La performance d’acquisition se situe dans l’enfance : l’enfant absorbe les informations même sans s’en apercevoir.
La performance d’utilisation
se situe dans l’âge adulte : il utilise ce qu’il a appris en augmentant le capital acquis dans l’enfance.
La performance d’intégration
vient avec le grand âge : elle est mémoire de synthèse et de globalisation.

La mémoire change au cours des années non de se détériorer, mais simplement de vivre. C’est parce que la mémoire vit qu’il lui faudra toute une vie pour découvrir tous les secrets des capacités qu’elle porte.

III.2. Les troubles de la mémoire de travail liés à l’âge

III. 3. Les troubles de la mémoire de travail et de l’attention liés à l’âge

Pour Baddeley (1986), l’administrateur central de la mémoire de travail est un système de contrôle attentionnel qui présente deux aspects : la division de l’attention entre deux tâches et la fonction d’attention sélective ; ils peuvent être affectés par l’âge (McDowd et Birren, 1990)

Deux types de déficits peuvent concerner l’attention :

Il y a dysfonctionnement des processus attentionnels inhibiteurs (Hasher et Zacks, 1988) d’informations distractrices qui interfèrent avec la réalisation de tâches en cours.

Les personnes âgées sont plus sensibles à l’effet de Stroop (Cohn, Dustman et Bradford, 1984), et il est noté un problème d’inhibition dans une tâche de Stroop arithmétique.

Hasher, Zacks et leurs collaborateurs montrent que les sujets âgés sont moins capables que les sujets jeunes d’ignorer des informations non pertinentes dans des tâches cognitives plus complexes (lecture et compréhension de textes)

III. 4. Les troubles de la mémoire de travail et de la vitesse de traitement liés à l’âge

Salthouse et Babcock (1991) ont démontré que l’avancement en âge est associé à des performances de plus en plus faibles aux tâches conçues pour évaluer la mémoire de travail.

Dans les exercices de computation span et de listening span les sujets ont reçu deux tâches destinées à mesurer la vitesse de comparaison de paires de lettres et de lignes, l’atténuation la plus importante des différences entre sujets jeunes et sujets âgés dans les tâches de mémoire de travail est obtenue après que la vitesse de traitement ait été contrôlée.

La vitesse avec laquelle les opérations de traitement sont effectuées est liée aux effets de l’âge sur la mémoire de travail

III. 5. Les évaluations de la mémoire de travail

III. 5. a- Les évaluations de la boucle phonologique

Deux études :

Un effet du score à un test de raisonnement logique, numérique ou verbal : les sujets ayant un score élevé lisent plus rapidement et ont des empans plus longs.

Un effet de la longueur des mots : les mots plus longs induisent une articulation plus longue et des empans plus faibles.

Cette étude ne met pas en évidence d’effet d’âge.

III. 5. b  - Les évaluations  de la voie visuo spatiale

Il est utilisé des tâches qui font appel à la restitution immédiate d’une séquence spatiale, à l’imagerie mentale ou à la reconnaissance de visages ou de configurations visuelles.

(Le Trail Making Test B qui a une bonne sensibilité est difficile d’accès chez les sujets de bas niveau cognitif)

III. 5. c – Les évaluations de l’administrateur central

La tâche de running span utilisée par Morris et Jones (1990) a permis de montrer que l’administrateur central est impliqué dans la mise à jour de la mémoire ; un nouvel input modifiant le statut d’une représentation. Il est présenté aux sujets des séquences de consonnes de longueur différente (4, 6, 8, 10 consonnes), de manière aléatoire, il leur est demandé de rappeler dans l’ordre les 4 dernières consonnes de chaque séquence. Les rappels de longueur 4 sont faciles, par contre ceux de rappel 6, 8, 10, sont moins aisés. Cette tâche exige une flexibilité importante dans le traitement de l’information et les auteurs ont montré qu’elle est sous tendue par la boucle phonologique et l’administrateur central. Ils en viennent à la conclusion : « l’administrateur central est capable soit d’effectuer plusieurs mises à jour en séquence rapide sans surcharger sa capacité, soit il a une vitesse de récupération très rapide quand il réalise de telles opérations ».

Cette tâche a été utilisée (Van der Linden, 1992 ; Van der Linden, Brédart et Beerten, soumis) pour connaître si la fonction de mise à jour de la mémoire de travail est affectée par l’âge : pour les rappels des 4 derniers items il n’y a pas de différence entre sujet jeune et sujet âgé ; par contre, si les listes de consonnes sont de plus grande longueur (6, 8, 10, 12), et qu’il est demandé de rappeler les 6 derniers items, la différence de performance est notable. Il y aurait chez le sujet âgé, une diminution des ressources de l’administrateur central, sans déficit des processus de stockage.

III. 5. d – Les évaluations de l’attention et de l’administrateur central

L’effet de Stroop : il est demandé au sujet de nommer la couleur de l’encre dans laquelle est écrit un stimulus ; il mettra beaucoup plus de temps pour dire « vert » en face du mot « rouge » écrit lui aussi en vert, qu’en face du stimulus contrôle « xxxxx » écrit lui aussi à l’encre verte.

L’effet de Stroop arithmétique : il est demandé au sujet de vérifier trois types d’équations, additions ou multiplications :

III. 5. e - Les évaluations de la vitesse de traitement et de l’administrateur central

Computation span et listening span : les sujets doivent d’abord résoudre des problèmes d’arithmétique ou répondre à des questions relatives à des énoncés et ensuite rappeler les solutions des problèmes ou les réponses aux questions.

III. 5. f - Les évaluations de la mémoire de travail en clinique médicale

Pour la tester la mémoire de travail les items apprentissage, attention et calcul, rappel peuvent être utilisés.

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